MALCOM X
Posté par BOSS | Dans DIVERS
Le 21 février 1965, Malcolm X, l’une des figures les plus puissantes du mouvement noir était assassiné aux USA. Orateur de talent, doté d’un esprit brillant et intuitif, ainsi que d’une grande probité morale et intellectuelle, l’ex-leader de la « Nation of Islam » ne se contentait pas de discours incantatoires, son engagement sans relâche au service de sa communauté et des droits de l’Homme reflétait la personnalité d’un homme courageux, vertébré par de fortes convictions.
Malcolm Little naît le 19 mai 1925 à Omaha, dans le Nebraska. Il est le septième enfant de la famille. Son père est un pasteur baptiste déjà très engagé dans le mouvement de libération des Noirs. Il est influencé par le leader noir panafricaniste, Marcus Garvey, qui exhortait les masses noires à retourner en Afrique.
L’enfance du petit Malcolm est difficile : son père est assassiné par une organisation suprémaciste blanche proche du Ku klux Klan dans des conditions épouvantables (il fut poussé sous un tramway, son corps fut coupé en deux). Sa mère, extrêmement marquée par la mort brutale de son mari, fait une dépression nerveuse quelques années plus tard, en 1939, et est internée dans un hôpital psychiatrique. Ses huit enfants sont séparés et envoyés dans différents foyers d’accueil et orphelinats.
Malcolm se révèle être un bon étudiant au lycée, mais perd son intérêt pour les études quand un de ses professeurs préférés lui dit que ses ambitions de devenir avocat sont « irréalistes pour un nègre ». Il fait l’école buissonnière et passe quelques temps chez sa soeur Ella à Boston où il effectue quelques petits boulots (cireur de chaussures, laveur d’assiettes…), puis déménage pour Harlem où il commence à commettre de petits délits. De 1942 à 1946, Malcolm est au centre de nombreux trafics (drogue, prostitution, paris clandestins…). Il repart pour Boston où lui et son compère « Shorty » Jarvis sont arrêtés pour cambriolage avec effraction et port d’armes illégal. La sentence est de huit à dix années de prison.
C’est le tournant de sa vie. En prison, il passe des journées et des nuits entières à lire des oeuvres littéraires, philosophiques, historiques et améliore sa formation, sa culture et son éducation. Par l’intermédiaire de son frère récemment converti à l’islam et membre de la « Nation de l’Islam », Malcolm entend parler pour la première fois des Black Muslims et de leur leader Elijah Muhammad. A sa sortie de prison en 1952 (après six années de prison au lieu des huit à dix initialement prévues) il rencontre Muhammad, se débarrasse de son ancien nom « Little » qu’il considère comme un nom d’esclave, le remplace par « X » qui correspond au nom africain perdu des noirs d’Amérique et devient « ministre » et porte parole de la
« Nation de l’Islam. »
Il utilise les journaux, la radio et la télévision pour propager le message de la « Nation de l’Islam » à travers les Etats-Unis. Son charisme, sa dialectique caustique, son sens de la provocation et de la rhétorique attirent de plus en plus de personnes. Il est en grande partie responsable du succès croissant du mouvement (500 membres en 1952, 30 000 en 1963). L’audience et la controverse qu’il déclenche attire les médias et un week-end spécial lui est consacré en 1959, ce qui marque son émergence comme un des leaders de la communauté noire, et lui fait prendre conscience que sa célébrité a éclipsé celle de son mentor Elijah Muhammad.
Les tensions raciales augmentent au début des années soixante, et en plus des médias, Malcolm X attire l’attention du gouvernement américain et du FBI, qui infiltre le mouvement pour en surveiller les activités. En 1963, il apprend que Muhammad aurait eu 6 maîtresses au sein du mouvement et plusieurs enfants adultérins. Il en est profondément déçu et se demande s’il n’a pas mené les masses noires vers un mouvement frauduleux. Cependant, il est lui même contesté au sein du mouvement et accusé de s’occuper plus de l’argent et de sa côte de popularité que de la cause qu’il doit défendre.
La marche de Washington en 1963 avec Martin Luther King le laisse sceptique. Il ne comprend pas comment les noirs sont « enthousiasmés par une manifestation dirigée par des blancs en face de la statue d’un président qui est mort depuis plus de 100 ans et qui n’appréciait pas les noirs de son vivant ».
Ses déclarations à la suite de la mort de Kennedy (la violence de l’homme blanc a fini par se retourner contre lui, on récolte ce que l’on sème) lui valent des critiques et il est suspendu de son poste de porte parole de la « Nation de l’Islam » pendant 90 jours. Début 1964, il commence à travailler sur son autobiographie avec Alex Haley. En mars, il quitte le mouvement fondé par Elijah Muhammad et accompli un pèlerinage à la Mecque qui tempère son radicalisme, car il a l’occasion de rencontrer des gens d’origine diverses, y compris des blancs, réunis par l’islam. A la fin de son pèlerinage, sous le nom de Malik El Shabbaz, il entreprend plusieurs voyages en Afrique, qui le mèneront au Nigeria, Ghana, Liberia, Sénégal, Maroc et Algérie. Il y rencontre différents ambassadeurs, prend part à des réceptions et prononce plusieurs discours. Au Ghana, Malcolm X s’entretient avec Kwame Nkrumah (homme politique africain ayant contribué à la formation du Panafricanisme). Il replace le combat des noirs aux États-Unis dans le cadre plus vaste de la lutte de libération des peuples opprimés de l’Afrique et du tiers-monde.
A son retour aux États-Unis, ses relations avec la « Nation de l’Islam » continuent à se dégrader. Il serait considéré comme homme à abattre. Après plusieurs tentatives d’assassinats commises à son encontre, il ne se déplace plus sans gardes du corps. Le 14 février 1965, un incendie criminel ravage sa maison mais ne fait aucune victime. Le 21 février, alors qu’il s’apprête à prononcer un discours dans la salle des fêtes d’Audubon, à New-York, trois hommes armés, tous présumés membres de la « Nation de l’Islam » s’approchent de l’estrade et tirent à 15 reprises, ne laissant aucune chance à Malcolm X. Il est déclaré mort lors de son transport à l’hôpital.
A t-il été tué par « ses frères » ? Ou les commanditaires étaient-ils bien plus puissants ? Toujours est-il qu’il demeure avec Martin Luther
King l’un des leaders noirs les plus importants de l’histoire contemporaine.